EUROPA

Pour réaliser un sujet, nous dit Dominique Souse, il faut tâtonner pour saisir le hasard, puis, dans un second temps, le polir. C’est une gestation qui murît. Le langage naît dans l’urgence. Dans le juste de la vie. Dans Europa, il y a des vestiges. On ne sait pourquoi ils demeurent. Parfois, on ressent un choc. On respire quelque-chose du passé au présent. Ce sont des lieux d’histoire, de paysages, de guerres, de tragédies, de migrations, depuis l’âge de bronze. C’est en photographiant dans l’errance que l’orientation se précise. Sept décennies sur deux millénaires où la guerre s’est tue en Europe. Les deux dernières, mondiales, ont marqué trois générations. Ecrire ses mémoires sur ces trois générations, dessinerait-il un chemin de guérison ? Dominique Souse prend le relais du langage et l’écrit par l’image. Car l’époque a été ensevelie. Il faut en retrouver les traces visuelles, apprendre à distendre le temps, capter le soulagement furtif qui est la vraie joie du pauvre. Trouver l’empathie avec la détresse, avec la solitude des humains et de tous les vivants. Avoir grandi dans l’absence de liens, de lieux et les recomposer. C’est une Odyssée moderne. On devient apprenti de son destin. Le vrai est de trouver partout ses racines comme si toutes choses naissaient de soi.