« Cette série s’inscrit dans le prolongement du projet Erdgeist, démarche née de la fréquentation de paysages dont l’intensité croît avec la latitude. Ces paysages, marqués par l’absolu et la transcendance, me portent à interroger leur mystérieuse soumission aux puissances invisibles, me référant à la culture chinoise, à la notion de vide et de plein chère à François Cheng, et au lien du pinceau et de l’encre. Je me propose ici de rendre l’immatériel contenu dans le tangible, de livrer un espace muet et originel que la thématique de l’hiver, devenue pour moi objet de culte, exprime métaphoriquement. L’irruption de l’hiver au-delà du cercle arctique avec sa puissance hostile offre à l’artiste l’opportunité d’une quête du sacré. Le dépouillement de cette saison, ses formes vouées à l’effacement, nous invite à méditer sur l’infime, le vide, le silence, à appréhender le monde réel tapi dans son invisibilité. Les sensations y rejouent perpétuellement la création du monde. » Patrick Bogner
« Des paysages du Grand Nord, les images de Patrick Bogner montrent de singulières façons d’apparaître, les figures étranges qu’y dessinent l’eau, la neige, la glace, les reliefs, les ciels, agencements souvent insolites que ponctuent parfois quelques signes des rares survivances végétales et animales que ces rudes contrées abritent ou qui les parcourent. C’est la part documentaire, incontestable, de ses photographies. Mais le regard qui s’attarde découvre très vite en elles bien d’autres choses, qui débordent toute intention didactique. Des sortes d’invocations. […] Les images de Patrick Bogner invoquent parce qu’elles laissent se dire en elles ce que serait une relation, assumée malgré ce qui la rend peut-être impossible, avec l’indompté. Les hivers qu’elles détaillent sont des silences sans commencements ni fins, les mouvements s’y sont figés, les courses y ont durci aussitôt esquissées. L’oeil s’aventure dans des étendues que l’on n’aborde qu’en s’en protégeant, contrées farouches dans lesquelles s’égarer aurait pour seule issue la mort. Il y découvre une version de l’inhabitable : sol et air transis dans une durée immuable, sans passé ni avenir, terres inexorablement dépeuplées parce que saisies dans un présent perpétuel que rien n’interrompt. […] Dans le Grand Nord, Patrick Bogner invoque des énigmes : signatures indéchiffrables, traces d’on ne sait quoi, d’on ne sait qui, qui rythment la peau infinie, uniforme, intraitable de la neige. […] Il invite la photographie à devenir le support d’une méditation de l’insaisissable. […] Le geste photographique est d’abord une attente. L’oeil ne prend pas, il se tend, concentré, vers les lieux et les instants où quelque événement pourrait surgir de l’insondable, où l’indompté pourrait soudain faire don d’une partie de sa secrète abondance. […] Les Hivernies sont des lieux et des instants d’écoute, d’attente et finalement de gratitude témoignée envers un infini apparemment vide et immensément silencieux, et d’où pourtant surgissent des choses et des visages, traces inépuisables de présents inexpliqués. » Daniel Payot, extraits de la préface
Pages
120
Langue
Français
Date d'édition
décembre 2024
Taille
21.3 x 25.1 cm
Éditeur
Atelier Contemporain
Poids
620 gr